S’il est une question récurrente dans les forums ou dans les discussions entre récifalistes, c’est bien celle-ci.
La réponse type est du genre: ‘Ben … tu prends une pompe un capteur et hop ça pompe …’.
Dans l’absolu ce n’est pas faux, mais cet équipement central mériterait un peu plus d’attention et de développement.
Le système présenté dans ces lignes est celui qui a été utilisé 2 ans sur l’ancien Bac à Léon (Voir Les archives de l’ancien Bac à Léon).
Le système utilisé sur le bac actuel est en tout point identique, mis à part la gestion qui est assurée par l’automate : on ne change pas une équipe qui gagne.
Tout d’abord mettons-nous d’accord sur le rôle de ce système: il doit assurer la constance du volume d’eau dans le bac en compensant l’évaporation de nos bacs ouverts. Un bac sans couvercle, abondamment éclairé évapore en moyenne 1% du volume dudit bac. Ce volume peut monter facilement à 2 ou 3% dans le cas d’un bac refroidit par des ventilateurs.
Mais contrairement à la croyance habituellement répandue, plus il fait chaud, moins le bac évapore. C’est en effet le delta de température entre le bac et l’air ambiant qui règle l’évaporation. Quand il fait chaud, nos bacs sont ‘froids’ relativement à l’air ambiant … donc pas ou peu d’évaporation … Quand on sait que l’humidité ambiante joue aussi un rôle dans cette histoire, et que l’humidité est en général plus importante en été qu’en hiver, on ne peut qu’être dubitatif. Intuitivement je dirais que plus l’air ambiant est saturé en vapeur d’eau, moins l’évaporation est importante. Mais bon là, je suppute. Je vous laisse réfléchir là-dessus.
Quoiqu’il en soit, on voit tout de suite l’importance d’un système permettant de compenser de façon automatique cette évaporation. La constance du volume d’eau permet d’assurer des concentrations des différents éléments (en particulier le sel) elles aussi constantes. Cette constance est importante pour le bien-être de nos locataires, elle représente même à mes yeux un des points fondamentaux à respecter. En effet, 1% d’évaporation représente une augmentation de la salinité de … 1%, on passe donc d’une salinité de 33g/l à 33g/990ml (soit 33.3g/l). Dans le cas d’une évaporation de 3%, on arrive à 33g/970ml, soit 34g/l. Imaginez la suite sur plusieurs jours, et surtout les conséquences d’une remise à niveau brutale après plusieurs jours sans ajout d’eau de compensation.
Et cela est tout aussi valable dans les mêmes proportions pour tous les autres éléments dissouts dans l’eau du bac.
Je vous propose donc de vous montrer une solution éprouvée (elle tourne dans mon bac depuis un an sans problème et depuis plus longtemps encore dans d’autres bacs), peu chère (dans les 50 Euros tout compris) et réalisable sans grave séquelle physique si on a un minimum de sens pratique.
Le principe de fonctionnement est comme d’habitude simplissime, mais c’est au niveau de la réalisation qu’une multitude de détails viennent gâcher le plaisir du bricoleur. Voici donc en premier lieu la liste de commission complète:
– une pompe de lave-glace en 12V (15 Euros),
– un transfo à tension de sortie variable, entre 3v et 12v (10/15 Euros),
– un transfo 12v (un peu plus cher, car il devra délivrer 3 ou 4 Ampères. En effet il servira d’alimentation de base pour tous les autres bricolages: ventilation, alarme, temporisation, …),
– un interrupteur à flotteur et étanche (10/12 Euros). J’ai personnellement choisit le mien chez RadioSpares,
– du fil électrique,
– un relais 12v/12v (5 Euros),
– du tuyau à air (3 Euros),
– un robinet à air (1 Euro),
– un clapet à air anti-retour (3 Euros).
Pour faire les choses proprement, il faut aussi un fer à souder, et de la gaine thermo-rétractable qui de toute façon ont leurs places dans la trousse de secours du bricolo de base.
Tout d’abord les précautions d’usage: les montages électriques décrits sur ce site n’utilisent jamais du 220V dans la partie bricolée ou/et à proximité de l’eau. Seuls les organes commandés (pompes de brassage, transformateur, éclairage,…) restent dans leur tension d’origine, et sont utilisés sans modification aucune. Maintenant, vous faites ce que vous voulez.
Un petit mot sur l’utilité de deux ou trois des pièces citées:
– Le clapet anti-retour: il permet de ne pas siphonner la décantation (ou le bac) dans la réserve d’eau osmosée. La deuxième précaution à prendre dans ce sens est de ne jamais mettre le bout du tuyau d’injection dans l’eau du bac ou de la décantation. Ne rigolez pas, merci. En effet quand le niveau de votre réserve d’eau sera plus bas que le niveau de la décantation, le miracle des vases communicants conjugué à celui des siphons va vous frapper de toutes ses forces. Et la vous ne rigolerez plus. Ou beaucoup moins fort. Une fois l’eau du bac sur le tapis afghan. C’est fou comme ça aspire l’eau un tapis afghan.
– Le robinet sert lui à brider la sortie de la pompe, afin de régler le débit en goutte à goutte. Cette option est surtout utile si vous avez mis un réacteur à calcium en série sur votre osmolateur, mais on verra ça dans un prochain article.
– Dernier détail avant de s’y mettre: la commande de la pompe se fait au travers d’un relais. Ce n’est pas l’interrupteur qui ferme directement le circuit de la pompe. En effet je préfère que ce soit le relais qui gère les pics d’intensité dû au démarrage de tout moteur électrique: le relais est étudié pour cela, il coute moins cher et est plus facile à changer.
Bon on y va …
Tout d’abord, où mettre le capteur ?
Dans un endroit où le changement de volume d’eau contenue par le bac se traduit par une variation importante de hauteur d’eau c’est à dire un compartiment dans la décantation ayant une petite surface. Mais essayez de ne pas choisir le compartiment à niveau constant, hein quand même … faites un effort.
Celui dans lequel est pompée l’eau pour la remonter dans le bac est en général parfait.
Les moyens pour fixer ce capteur sont quasiment infinis, mais j’ai préféré ce système :
C’est en fait un tronçon de tube PVC dans lequel une rainure oblongue a été réalisée.
On fixe le capteur dans la rainure, on règle la hauteur voulue, et hop, a marche …
L’avantage de cette configuration est que le capteur est dans un espace sans remous ni vaguelette, ce qui évite les arrêts-démarrages trop fréquents susceptibles d’abimer le moteur de la pompe. De plus le réglage est extrêmement simple :
on dévisse l’écrou de fixation, on fait coulisser le capteur, on resserre, on regarde: c’est beau, c’est intelligent, c’est du Léon tout craché.
Montage électrique
Super simple : quand le niveau baisse, le flotteur baisse, l’interrupteur ferme le relais qui ferme le circuit de la pompe, qui se met à pomper jusqu’à ce que le niveau soit suffisant pour faire monter le flotteur, re-ouvrir l’inter, ce qui re-ouvre le relais, ce qui coupe la pompe.
Répéter cette phrase dix fois rapidement sans reprendre sa respiration.
Prenez la peine de faire les connexions à la soude à l’étain, évitez les sucres ou les épissures qui tôt ou tard vous lâcheront, de préférence en votre absence. Et surmoulez ces soudures avec de la gaine thermo-rétractable. Quand même !
Schéma électrique
Quelques photos :
Le gros avantage de ce montage, outre son prix et la facilité de mise en œuvre, est qu’il est prêt à être utilisé avec un réacteur à calcium. En effet, l’alimentation variable de la pompe, le clapet anti-retour et le robinet permettent de couvrir toutes les configurations de la combinaison décantation – réacteur – bac. Le moteur est assez puissant pour remonter l’eau à 1.5 mètres (sans doute même plus), le clapet évite de vider le réacteur dans la réserve d’eau, l’alimentation variable permet d’obtenir la bonne pression que le bac soit au dessus, ou à coté de la réserve, et le robinet permet d’obtenir le goutte à goutte nécessaire à une distribution optimale de l’eau de chaux.
Mais ceci est une autre histoire, et sera l’objet d’un prochain article …
Voili, voilou encore une bonne chose de faite.