Cet article a eu l’honneur de faire partie de l’édition papier de la revue de l’ARA Vol. 4 No. 3 de Mai / Juin 2001
L’histoire :
Elle commence avec l’achat de 3 Acroporas et un Sériotopora Hystrix. Deux des acropora et le seriatopora hébergeaient des crabes. Celui du Sériotopora était très visible et indubitablement un commensal : pinces longues, corps triangulaire, lisse, l’ensemble de couleur rose pale (Voir Aquarium Récifal le magazine, de Janvier / Février 2001 pour une description plus précise des Trapeziidaea).
Le crabe d’un des acropora était beaucoup moins visible, seules sa couleur indubitablement rouge et sa taille réduite me poussaient à croire qu’il ne s’agit pas d’un crabe du type de ceux qui arrive couramment avec nos pierres vivantes. Sa morphologie (enfin le peu visible car il est extrêmement discret et timide) est cependant assez différente de celui occupant l’Hystrix : pinces plus courtes, corps de taille beaucoup plus réduite. Il n’a jamais posé de problème, et se contente de nettoyer infatigablement son hôte.
_ Le dernier crabe enfin était tapi à la racine des branches d’un acropora gemmifera. Lui aussi était de taille réduite (1 cm), lui aussi d’une couleur différente de celle des crabes de pierres vivantes (crème en l’occurrence), lui aussi semblant prendre soin de son hôte.
Mais …
Depuis le début l’acropora gemmifera avait une zone blanche, qui semblait s’étendre un peu plus chaque jour. Changement de place, de brassage, d’éclairage : rien n’y fît. Vérification de la santé des autres locataires : tout le monde allait bien… Les paramètres ? Tous corrects.
Et première erreur : je me ne suis pas rendu compte tout de suite que cette zone était le lieu de prédilection de ce crabe…
Quelques semaines passent, le gemmifera ne va pas mieux, pas plus mal non plus : je me dis que décidément ce valeureux crabe prend soin de lui. Et un jour le crabe déménage dans un Acropora bleu, jusque là inhabité.
Deuxième erreur : je ne me rends pas compte de ce fait avant plusieurs jours. L’acropora bleu semble aller de moins en moins bien, des zones blanches se multiplient très rapidement (en l’espace de 2 à 3 jours) sur ses branches, à tel point que je pense avoir affaire à une RTN et bouture cet acropora à plusieurs reprises. Et c’est à cette occasion que je me rends compte que ce crabe a élu ce corail comme nouveau domicile.
Et là (quand même), je commence à me poser des questions et n’ayant pas de refuge à l’époque, David Excoffier me propose de le mettre dans un des siens, en observation.
Il le dépose avec un petit bout d’acropora, et au bout de quelques jours, les doutes sont définitivement levés : le crabe est pris plusieurs fois par David en flagrant délit d’arrachage de polypes …
Conclusion :
Il est vrai que la présence d’un crabe dans un corail branchu peut être en général considéré comme étant une bonne nouvelle, mais petit crabe ne veut pas systématiquement dire commensal.
D’autre part, prenons quelques minutes, en particulier lors de l’acclimatation, pour observer attentivement les locataires éventuels de nos madrépores préférés, et mettons de coté sans remord tout crabe douteux. Ils seront plus à leur place dans un refuge ou une décantation, comme éboueurs.
Et soyons particulièrement impitoyables avec les ‘poilus’. En effet, de part notre (très petite) expérience, les crabes commensaux sont tous ‘glabres’.